« Si j’ouvre un livre, le livre offre à mes yeux deux manières bien différentes de s’intéresser à lui. Il leur propose l’alternative de deux usages de leur fonction. Il peut leur suggérer de s’engager dans un mouvement régulier qui se communique et se poursuit de mot en mot le long d’une ligne, renaît à la ligne suivante, après un bond qui ne compte pas, et provoque dans son progrès une quantité de réactions mentales successives dont l’effet commun est de détruire à chaque instant la perception visuelle des signes, pour lui substituer des souvenirs et des combinaisons de souvenirs. Chacun de ces effets est le premier terme de quelque développement infini possible.
C’est là la Lecture.
(…)
Mais à côté et à part de la lecture même, existe et subsiste l’aspect d’ensemble de toute chose écrite. Une page est une image. Elle donne une impression totale, présente un bloc ou un système de blocs et de strates, de noirs et de blancs, une tache de figure et d’intensité plus ou moins heureuses. Cette deuxième manière de voir, non plus successive et linéaire et progressive comme la lecture, mais immédiate et simultanée, permet de rapprocher la typographie de l’architecture, comme la lecture aurait pu tout à l’heure faire songer à la musique mélodique et à tous les arts qui épousent le temps.»