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Andrea Branzi, Sur la chaise.

Ce texte est extrait de l'introduction de l'ouvrage Le Design italien. La casa calda paru aux éditions de L'Équerre en 1985 (Idea Books, 1984, pour l'original).


« À propos des grandes et des petites choses, il semble d’ailleurs que paradoxalement tout le débat du Mouvement Moderne sur le langage ait tourné dès sa naissance autour de modèles de chaises : la seule œuvre vraiment complète de l’architecture moderne est la collection de chaises qu’elle n’a cessé de créer, comme des modèles théoriques de composition et d’analyse critique des structures de l’habiter. Gropius, Le Corbusier, Rietveld, Loos, Machintosh, Morris : l’histoire de l’architecture moderne semble coïncider avec celle de la chaise moderne. Mais le trajet qui, de celle-ci, devait aboutir à la ville s’est toujours interrompu ; le fait de passer le seuil de la maison a correspondu souvent avec une faillite sur le plan urbanistique. Et il n’existe pour ainsi dire pas de modèle urbain moderne qui n’ait échoué ou ne soit en passe d’échouer. La chaise a été au contraire le seule structure de l’habiter à subir une révolution complète bien que séparée ; la maison elle-même a connu des modifications morphologiques bien moins radicales. On en est même arrivé à définir l’habitation comme ce qui est “autour” de la chaise, celle-ci constituant une structure minimale parfaite, totalement contrôlable, sorte de copule idéologique de l’univers, lieu de stase dynamique et modèle de compréhension de la révolution architecturale. »

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