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Catalogue de l’exposition Italy: The New Domestic Landscape, MoMA, 1972 — Environnements (Le design comme discours)

La partie “Environnements” est précédée d’un texte d’Émilio Ambasz, Manhattan, capitale du XXe siècle.

Les designers invités à exposer dans la partie “Environnements” sont réparties dans trois catégories :
Le design comme hypothèse (environnements pour la maison : Gae Aulenti, Ettore Sottsass, Joe Colombo ; environnements mobiles : Alberto Rosselli, Marco Zanuso & Richard Sapper, Mario Bellini)
Le design comme discours (Gaetano Pesce)
Le contre-design comme hypothèse (Ugo La Pietra, Archizoom, Superstudio, Enzo Mari, Gruppo Strum).

Chaque galerie d’images est suivie de la traduction du texte figurant dans le catalogue.


Le design comme discours (Gaetano Pesce)

Gaetano Pesce [p. 212-222]
Production : Cassina, C & B Italia, et Sleeping International System Italia
Édition : Centro Cassina, avec l’assistance de Sleeping International System Italia
Film dirigé par Klaus Zaugg.

Avec la collaboration de : Beatrice Bianco, Piergiorgio Brusegan, Enzo Capelletti, Alessandro Carraro, Gianni De Luigi, Philippe Duboy, Carla Genziani, Pico Lazzarini, Ulderico Manani, Antonio Mantellato, Grafica Mariano, Roy Meneghetti, Luigi Pozzoli, Gianni Predieri, Mino Prini, Nino Scolari, Alessandro Zen.

Je remercie Cesare Cassina pour la générosité avec laquelle, dans la générosité coutumière dont il a si souvent fait preuve, il a accepté de réaliser ce travail. Je remercie également Francesco Binfaré pour sa contribution à la formulation de l’hypothèse dès le départ, pour son expérience hors du commun et son enthousiasme précieux. Je suis particulièrement reconnaissant à ma femme, Francesca Lucco, pour sa présence attentive et constante pendant le processus de travail, que ses critiques ont souvent influencé. — G. P.

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Sujet : découverte d’une petite ville souterraine, appartenant à la période connue sous le nom de “Le Temps des grandes contaminations” dans le sud de l’Europe (Alpes).

L’état de conservation acceptable dans lequel a été retrouvée l’unité de base de l’ensemble urbain, ajouté au sauvetage de documents additionnels a permis de reconstruire la maquette d’une probable “communauté de douze personnes” mesurant 13×6,5×5 m. de haut, et d’une porte, probablement l’entrée de la ville ou d’un bâtiment important, mesurant 6×2,5×6 m. de haut. Un fragment original de cette dernière a été découvert, avec un siège de la même époque. La maquette est une coupe longitudinale du sol et représente notre reconstruction hypothétique de la ville qui résulte de déductions réalisées à partir de très nombreux documents. Les fouilles du sous-sol n’ont pas donné de résultats intéressants en grande partie en raison de l’effondrement de nombreuses voies d’accès.
Il est néanmoins possible d’affirmer avec un degré élevé de certitude que les communautés des “Grandes contaminations” (c’est le nom qu’on leur donnera) exploitaient les cavités du sol pour leurs édifications, après les avoir vidées de leurs huiles minérales, de leur eau ou autre. Le trou immense pratiqué pendant les excavations était ensuite fermé à l’aide d’une énorme pierre, isolant ainsi hermétiquement l’intérieur du monde extérieur. Une fois à l’abri, les hommes des “Grandes contaminations” commençaient à chercher des espaces possible pour étendre leur domaine.
L’intention de la maquette est d’illustrer cette situation. Les deux volumes pyramidaux de la partie supérieure représentent ce qui aurait pu être des gares depuis lesquelles partaient les transports vers le monde extérieur, ou des avant-postes de défense contre des attaques provenant de l’extérieur. Il se peut que les espaces carrés aient été creusés par l’homme en plus de ceux qui résultaient déjà de formations naturelles. Le volume cylindrique en haut à droite représente le probable réservoir d’eau potable, tandis que la caverne naturelle en bas à droite était probablement une zone dédiée aux loisirs, aux bain, aux rites propitiatoires, etc. La zone supérieure gauche, divisée en différents niveaux, pourrait représenter les zones de production et de travail en général.
Nous avons fini par découvrir pour notre plus grand bonheur un petit film de quelques minutes qui documente des scènes de la vie de famille et qui a probablement été tourné par l’un des membres de cette famille. Ces documents nous donnent une indication, même s’il elle reste un peu vague, des probables conditions de vie vers la fin du second millénaire et au début du troisième millénaire après J.-C. Une étude plus approfondie pourrait éclairer sur les conséquences psychologiques que le terme “l’année 2000” a pu avoir sur ceux qui ont vécu aussi bien avant qu’après cette date et sur les conséquences qu’un tel “statut” a pu avoir sur leur comportement.
Afin de pouvoir comprendre l’origine et le développement de l’architecture à l’époque des “Grandes contaminations”, et des lois géographiques, climatiques, environnementales, technologiques et religieuses qui ont influencé sa pratique, nous devons expliquer d’un point de vue général quelles ont été les fondements qui sous-tendent l’un de ces moyens d’expression. Une telle explication est indispensable dans la mesure où les infrastructures de ces civilisations inter-européennes n’ont presque aucun point commun avec la nôtre.
Dans leur contexte, l’évolution a suivi un chemin complètement différent de ce que nous considérons habituellement comme normal ; de plus, cette culture s’est développée dans un cadre qui n’a aucune similarité avec celle qui a donné naissance aux grands empires agraires de l’antiquité lointaine. Il n’y a en réalité aucune affinité entre les plaines qui étaient régulièrement inondées et irriguées par les crues du Nil, du Tigre, de l’Euphrate de l’Indus ou du Fleuve jaune et les grandes excavations de l’ère “contaminée” (leurs villes s’étendent en sous-sol à plusieurs dizaines de mètres en dessous du niveau de la mer). Leurs conditions de survie sont difficiles à déterminer, bien que nous puissions facilement imaginer qu’elles reposaient sur la filtration des nombreuses couches du sous-sol, ses ressources propres, sa chaleur, etc.
Nous pouvons donc naturellement commencer par cette sorte de description préliminaire sommaire des caractéristiques de cet environnement, car elles sont indicatives et nous aideront à comprendre les origines de leur architecture et de leur art. À cet égard, les innombrables villes de l’ère “contaminée” qui s’étendent sur l’ensemble du territoire en question offrent de nombreux exemples variés d’un matériau architectural très intéressant. Cependant, et malheureusement, seuls les objets en pierre ont survécus et bien que les enveloppes extérieures en pierre nous soient parvenues plus ou moins intactes, toutes les structures en bois, plastique ABS, mélamine, polyuréthane, etc., ont été irrémédiablement perdues ou endommagées par la chaleur et l’humidité. Mais bien que la plupart des habitations et des bâtiments publics laissent trop peu d’éléments probants pour être interprétés, l’habitat en question, probablement un logement pour deux personnes, est étonnamment bien préservée. Nous exposerons ci-dessous les différentes spécificités techniques qui caractérisent sa forme de base et qui déterminent la structure de tous les bâtiments des “Grandes contaminations”.
Le logement était presque toujours placé sur une base dont partaient des marches qui menaient vers l’entrée principale. Elle était constituée de blocs de plastique rigide mortaisés à sec et ne mesurait jamais plus de 60 cm de haut (dans le cas de notre exemple, 40 cm). Cette base servait d’isolant complet, qui protégeait les habitants des infiltrations provenant de l’humidité résiduelle des épisodes de grande condensation. L’habitation était elle-même installée sur un sol en pierre maçonné. Le plan est carré et traversé en diagonale d’un axe principal, le tout mesurant 4,80×4,80 m par 3,60 m de hauteur. Il n’y a qu’une seule porte (d’environ 60 cm de large et de 3,60 m de haut), placée dans le coin du parallélépipède, perpendiculairement à l’axe principal. Il n’y normalement aucune autre ouverture ou fenêtre, ni dans les murs ni dans le toit, à l’exception des tuyaux de drainage. Les murs, les équipements, les meubles, etc., étaient en blocs de polyuréthane rigide mortaisé tandis que les assises étaient en polyuréthane souple. Aussi distante et étrange que puisse paraître l’architecture des Contaminations, et aussi difficile soit-il d’établir des liens avec nos bâtiments d’aujourd’hui, le module réticulaire sur laquelle se base cette architecture n’en est pas moins éclairant et toujours plein de sens pour nous.
Pour ce qui est de l’espace intérieur de cet habitat, je pense qu’il est opportun et intéressant de citer à ce stade quelques fragments d’un volume que le présent auteur a découvert sur le site en question. Si on les considère avec les documents illustrés, ces fragments à première vue obscurs nous aideront sans aucun doute à clarifier les éléments de notre habitat :
“… dans l’architecture des “Grandes contaminations”, le carré et le rectangle sont des formes absolument fondamentales, elles ne permettent aucun écart, et leur construction n’autorise aucune variation. Ces formes de base ne doivent être ni recouvertes ni cachées par quelque décoration que ce soit, bien que celle-ci puisse exister dans certaines limites et avoir un caractère emblématique.”
“… On peut seulement en déduire qu’un tel module n’a aucune valeur architecturale. C’est le sens dont le charge l’architecte qui détermine ses actes et ses automatismes en architecture… Il n’est pas difficile de trouver la solution géométrique d’un plan, mais quand il devient question d’expliquer le contenu ésotérique des constructions et des formules qu’on y rencontre, nous n’avons pas d’autre choix que d’entrer en conjectures…
“… La maison en elle-même n’est pas seulement une masse de blocs arrangés dans un but précis, mais elle nourrit et dissimule un intérieur plein de symboles qui sont inéluctablement liés au mode de représentation de la période…
Grâce à ces passages, nous sommes parvenus à comprendre l’esprit de ces espaces et pouvons alors dresser la liste des raisons qui, selon nous, ont guidé la formation d’une telle typologie architecturale. Ces raisons seront exposées point par point dans le chapitre suivant.
1. Hypothèse urbaine
a. importance de l’espace
b. exploitation de l’intérieur de la planète
c. incompatibilité entre l’environnement humain et l’atmosphère
d. des espaces urbains dans les profondeurs du sous-sol
e. routes mécaniques de transports verticaux
f. équipement spécifique à la défense des routes de surface
g. exploitation de sites qui conviennent naturellement à la défense stratégique (comme les montagnes, etc.)
2. Effets sur les comportements humains
a. besoin d’isolement
b. rejet du contact humain
c. absence de communication comme caractéristique de la vie
d. les contacts humains ne sont considérés comme nécessaires que dans le contexte des relations de travail
e. le concept de productivité est remplacé par le besoin de symboles transcendantaux
f. rétablissement des tabous
g. état d’esprit similaire à celui de la période située avant l’an 1000 avant J.-C.
h. déclin du rêve technologique
i. l’insécurité comme perspective d’avenir
3. Habitat
a. l’habitat comme refuge qui isole de tout le reste
b. “paysage domestique” et la fonction de l’anxiété
c. des espaces pour des événements à caractère rituel
d. tendance de l’architecture à exprimer la “sécurité” et des espaces signifiants pour ses habitants
e. la ségrégation comme hypothèse de choix objectif
f. l’habitat comme accueil de la vie éternelle
g. tendance à lutter contre la peur en gonflant l’idée de mort
h. le symbolisme comme refuge
i. l’usager n’est pas le maître de l’espace physique mais plutôt un protagoniste anxieux des événements rituels de la courte trajectoire de sa vie (désir profond d’un habitat flexible et élastique)
j. l’architecte comme adversaire
k. l’architecture comme un instrument de négation (fin de la collaboration en architecture)

Discussion des déclarations liminaires :
Etc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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