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Andrea Branzi, Animali Domestici, 1985, 1986.

Andrea Branzi évoque cette collection dans l’entretien avec Catherine Geel publié en 2006, dans la collection Transmission éditée par La Cité du design, Les Éditions de l’Amateur et France culture.

(Images extraites du site andreabranzi.it)

Animali domestici marque une nouvelle direction dans le travail d’Andrea Branzi, “un passage en dehors du territoire de Memphis”.
» J’ai cherché à réaliser des objets qui soient des archétypes. Les archétypes impliquent l’adoption d’un langage très simple, typologique, qui peut être reconnu par presque tout le monde. Ils ont la capacité de produire une communication très forte. C’est là leur rôle. Il s’agissait donc pour moi de réaliser une sorte de petite refondation du design en rapport avec cette symbiose entre technologie, industrie traditionnelle et des morceaux de nature, qui se présentent toujours comme des éléments différenciés. Car la chose fondamentale et très, très intéressante de la nature, est que l’on peut avoir un million de pommes, mais que chaque pomme est différente l’une de l’autre. Alors utiliser, par exemple, un petit morceau d’arbre donne à la petite série des “animaux domestiques” une sorte de vibration.(…)
Ce sont des morceaux d’arbre qui ne sont jamais traités ou transformés par la machine et donnent une très grande force expressive. Ils réalisent, pour moi, cette possibilité de variation permanente. C’est un des thèmes intéressants et internes à la logique du design, mais il y a également autre chose, une sorte de dramatisation de la fin du siècle. Je pensais que des transformations profondes commençaient, et les sourires permanents de Memphis n’étaient à mon avis pas exactement justes. Joyeux, forts, certes, mais nous ne pouvions nous contenter de cela.
(…) pas assez justement placés en rapport avec le contexte culturel et sensible général.
(…) je crois qu’il y a eu beaucoup d’autres animaux domestiques dans l’histoire du design. Par exemple, dans mon livre Introduction au design italien, je regarde avec beaucoup d’intérêt les objets de Pompéï, de l’ancienne Rome. On y retrouve un peu la même idée.
Les objets qui sont dans la maison, autour de l’homme, ne sont jamais des instruments complètement fonctionnels, mais doivent plutôt être compris comme des présences amicales, des porte-bonheur, donc comme les animaux domestiques qui vivent autour de l’homme, pour ces mêmes raisons. »
Catherine Geel le questionne sur la différence entre “domestique” et “apprivoisé”
« Cela veut dire que la relation entre l’homme et ces objets se réalise également sur un plan symbolique, affectif, littéraire, et aussi un peu mystérieux. Ce n’est pas toujours exactement compréhensible. Comment définir la relation entre un homme, un siège, un vase… ? C’est toujours quelque chose qui appartient à l’autobiographie, au mystère des liaisons entre l’homme et l’univers inanimé. Et dans les objets qu’on a trouvés à Pompéï, on voit exactement cette idée, exactement représentée : les sièges ont les pieds d’un animal, la tête d’un lion… C’est-à-dire que les Romains pensent que ces objets une âme et une vitalité autonome. »
Catherine Geel lui demande si c’est une façon de remettre l’homme en relation avec la nature.
« (…) pas la nature mais plutôt le mythe, le mystère. C’est l’idée que les objets ont une âme, c’est-à-dire une autonomie de vie. Et en effet, surtout quand on regarde les petits objets qui viennent de l’antiquité [les petites boîtes, les bijoux, les fibules] (…) on voit qu’ils vivent encore ! Ils ne sont pas comme des choses mortes, comme l’architecture, ou les grandes constructions, les grands monuments, mais les petites choses ont encore comme une radiation active qui se réalise dans ce concept –qui fut mon grand intérêt et qui appartient à l’Antiquité –, que les petits objets ne sont jamais des petits objets. »
p. 53-57

On le sait moins, mais il existe une deuxième collection “Animali Domestici”, éditée  par Zabro  en 1986.
Dans cette collection, la nature n’est plus prélevée, telle quelle, mais elle est imitée, par des bambous de métal par exemple. Ce ne sont pas pour autant les “résultats d’un dessin, mais de quelque chose qui appartient à la génétique de la nature”. Les formes qui représentent la nature ont “une capacité d’énigme, un quelque chose qui n’est pas tout à fait compréhensible, mais qui marche très bien sur le plan sensible”.
p. 58.


(Images extraites du site andreabranzi.it)

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