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A New House on Bear Run, Pennsylvania.

Petite édition parue pour l'exposition A New House by Franck Lloyd Wright au MoMA, 25 janvier au 6 mars 1938 .


Traduction du texte de Franck Lloyd Wright

Cascade. Les photographies ci-contre montrent assez clairement ce qu’est la maison de campagne d’Edgar Kaufmann construite à Bear Run en Pennsylvanie. Pour la première fois dans ma pratique, ouverte depuis quelques années aux résidences particulières, j’ai dû recourir à l’utilisation de béton armé pour construire le système de porte-à-faux de cette extension de la falaise près d’un ruisseau de montagne, édifiant les espaces de vie au dessus du ruisseau sur des terrasses où un homme qui aimerait sincèrement le lieu et qui aimerait écouter la chute d’eau, pourrait vivre agréablement. La ceinture d’acier installée à l’intérieur est aussi une première. Dans ce projet conçu pour vivre dans le vallon d’une forêt profonde, l’abri assume une construction claire tout en assurant la protection des vastes surfaces vitrées qu’il surplombe. Ces avancées profondes offrent à l’intérieur, comme toujours, la lumière douce et diffuse dont se réjouit, comme je l’ai souvent constaté, l’habitant.
Les intérieurs raconteraient cette histoire mieux que des mots mais bien qu’ils le furent très vite, ils n’étaient pas encore meublés au moment où ces photos furent prises.
Cette maison est l’un des derniers exemples de l’inspiration que peut susciter un lieu, de la coopération d’un client intelligent et gratifiant et de l’utilisation exclusive de matériaux de maçonnerie à l’exception de l’entoilage de séquoia et d’asphalte sous tous les revêtements de sol. Encore une fois, c’est grâce à l’usage de l’acier en tension que ce bâtiment trouve sa place et accomplit sa forme. La grammaire des dalles de l’avant-toit se comprend mieux dans le détail. L’eau du toit est captée par une rainure creusée plus haut dans le béton, près du début de la courbe de façon à ce que l’eau qui tombe en bas de la courbe ne vienne pas trop la tacher. Ce n’est pas les trombes d’eau d’un orage qui abîment un bâtiment : c’est le suintement et le goutte-à-goutte de l’eau sale qui gèle et qui dégèle, aggravé par les averses légères. Les dalles en porte-à-faux supportent ici les parapets et les poutres. On peut les voir s’agripper à de gros rochers. J’espère qu’une prochaine fois, les parapets soutiendront les planchers — ou mieux, nous en saurons assez pour que les deux fonctionnent ensemble comme un seul élément, comme je l’avais d’abord prévu.
Cette structure pourrait servir à indiquer que la signification d’un abri — le sens d’un espace compris ici comme sens structurel — n’a aucune limite formelle excepté celle des matériaux et des méthodes par lesquelles ils sont mis en œuvre dans un but précis. Les idées impliquées ici ne diffèrent en rien de celles de projets plus anciens. Les matériaux et les méthodes d’une construction se devinent en elle-même, ici, ainsi qu’ils devraient se deviner partout. C’est tout. Les effets visibles dans cette maison ne sont pas des effets superficiels.

Franck Lloyd Wright

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