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Catalogue de l’exposition Italy: The New Domestic Landscape, MoMA, 1972 / Alessandro Mendini, Le pays du “good design”.

Au delà du regard critique qu'il porte sur l'état du design italien, surprenant au regard de la nature de l'exposition du MoMA, Alessandro Mendini met en débat les multiples termes et les multiples facteurs (marché, débats intellectuels, enseignement, politiques économiques) qui agissent au sein du design italien afin de proposer des alternatives où le collectif, la participation démocratique du peuple viendrait défaire la bêtise, l'inefficacité et l'autosatisfaction de l'élite sociale, financière, commerciale, intellectuelle et culturelle. Il montre, si c'était nécessaire, à quel point le design, et par conséquent la production d'un designer, ne repose pas uniquement sur ses intentions esthétiques et fonctionnelles, sur des considérations éthiques, ni même sur sa relation avec ses clients, mais dépend d'un système multifactoriel complexe dont les enjeux s'expriment à l'échelle des politiques sociales, politiques et commerciales des états.

« Le design est le processus par lequel l’humanité doit donner forme, en toute connaissance de cause, à la surface du monde, afin de créer l’environnement symbolique et fonctionnel approprié à sa vie. Cette définition formelle doit cependant être suivie d’une définition politique. Le design est le théâtre d’un affrontement où certains groupes donnent forme à la surface du monde de manière irresponsable, afin d’y établir des centres de commandement leur permettant de résoudre — en utilisant l’humanité — leurs problèmes de domination (y compris par l’usage de bombes). La logique occidentale, dans laquelle nous baignons par atavisme, nous pousse à passer alternativement de la forme au contexte et vice versa, l’induction et la déduction étant toujours indiscutablement considérées comme les pôles opposés d’un même axe ; chaque approche d’un même problème implique sa propre réciproque.
Dans un souci de clarté et de simplicité, nous devons décider laquelle de ces deux définitions
adopter. En ce qui nous concerne, nous choisissons la première — considérant pour acquise celle qui est proposée par les autres. Ces autres, y compris nous-mêmes, fonctionnent comme une immense équipe, et plus ce groupe sera grand, plus le pouvoir exercé par chacun de ses membres sera moindre.
Nous nous concentrerons donc sur l’environnement auquel on donne forme en toute conscience, qui se trouve à la croisée de différents problèmes, certains le précédant et d’autres en découlant. Cet environnement est en constante évolution en même temps qu’il est soumis à des forces hétérogènes, incontrôlables et sans lien entre elles. Ses périodes de transformation, qui correspondent généralement à des périodes de déclin, sont très brèves, ce qui limite considérablement nos champs d’action. D’où la nécessité d’éviter de se réfugier dans des mythologies futuristes et de foncer tête baissée, propulsés par l’optimisme technologique. Une telle confiance à l’égard du futur équivaut à décaler le problème qui, même s’il devait être finalement résolu, se trouverait dans un contexte différent de celui qui l’aurait vu naître.

Louis Kahn raconte l’anecdote suivante :
« Cela me rappelle une histoire… La General Electric m’avais demandé de l’aider à concevoir un vaisseau spatial, et le FBI enquêta sur moi à cette occasion.
J’avais déjà trop de travail mais je pouvais quand même parler de vaisseaux spatiaux. J’ai rencontré un groupe de scientifiques autour d’une très longue table.
C’était un groupe haut en couleur, des fumeurs de pipe et des moustaches grisonnantes.
Ils avaient l’air bizarre, ou de gens peu ordinaires en tout cas.
Une personne plaça une illustration sur la table, et dit : « M. Kahn, nous voulons vous montrer à quoi ressemblera un vaisseau spatial d’ici à cinquante ans. » C’était un excellent dessin, un magnifique dessin, d’humains flottant dans l’espace, et d’engins très élégants à l’allure compliquée qui flottaient aussi dans l’espace. Vous vous sentiez alors dans une situation humiliante. Vous savez que l’autre type sait quelque chose dont vous ne savez rien, et ce type brillant vous montre un dessin et vous dit : « Voilà à quoi ressemblera un vaisseau spatial d’ici à cinquante ans. »«
Je répondis immédiatement : « Il ne ressemblera pas à ça. »
Ils rapprochèrent leurs chaises et dirent « Qu’en savez-vous ? »
Je répondis que c’était simple… si vous savez à quoi ressemblera une chose dans cinquante ans, vous pouvez la faire maintenant. Mais vous ne le savez pas, parce que la façon dont une chose sera dans cinquante ans est ce qu’elle sera.(1)

Pour qu’un débat sur le design italien actuel et sur ses développements possibles soit fructeux, il est indispensable d’analyser certains phénomènes qui se manifestent aujourd’hui, de les évaluer d’un point de vue critique, et de recommander des voies de développement alternatives qui s’ancrent dans l’histoire. Parce que la situation italienne révèle une profonde rupture entre la gestion du marché et la demande culturelle, elle doit être analysée en prenant en considération ces deux facteurs, dont l’évidente incompatibilité mutuelle doit mener à la synthèse et à la réflexion.

Le marché
Dans le domaine du bâtiment, aussi bien que dans celui de la production d’objets, la particularité la plus voyante du marché italien est qu’il a échoué à résoudre consciemment, par une évolution graduelle, le problème de la transition d’un processus artisanal vers un processus industriel, ni de favoriser la coexistence organique entre ces deux processus, même dans le cas où une telle coexistence semblait possible. Le compromis est attesté par la pratique de l’embauche de main-d’œuvre non qualifiée, qui n’est liée par aucun contrat ou emploi fixe, parce que, dans ces circonstances, le marché peut connaître des fluctuations inattendues qui nécessitent de faire des ajustements. Au delà de ces aspects socioéconomiques, nous observons ici, dans tous les cas, une situation qui persiste sans aucune perspective de solution, même partielle. Les conséquences “formelles” de ce phénomène, les sujets traités, comme par exemple les objets produits, sont restreints, simplistes, et uniquement liés à l’économie de marché. Il y a un manque d’intérêt total pour ce que l’on appelle le “design social”, où le patron est un collectif, et non un individu privé, et où l’objet remplit un service spécifique et ne fait pas que répondre à un besoin stimulé par l’objet lui-même et le bombardement publicitaire.
Le personnage clé de cette jungle, qui l’exploite autant il est dominé par elle, parce qu’il consacre ses principaux efforts à rester d’actualité (le plus beau, le plus nouveau, le plus séduisant) est le “designer”. Les conditions de sa survie (même si pour le moment il ne semble pas menacé de disparaître) continue à encourager une profession qui repose sur la compétition. Il est impossible de planifier le bon type de formation pour les techniciens que la collectivité attend ; et donc pour chaque professionnel qui gagne bien sa vie, il y en a un autre qui essaye juste de survivre. Les autres conséquence du système actuel sont les modes, parce que chaque bonne idée ne semble provoquer que des imitations ou d’autres versions fabriquées pour un prix légèrement inférieur ; les compromis pour correspondre à des demandes de type inférieures ; la superficialité ; une utilisation inappropriées ou mensongère des matériaux, qui semble être la préoccupation principale de toutes les petites industries ; la technocratie, parce que l’objet est trop souvent analysé en fonction de son efficacité technologique en référence à de fausses valeurs, ou en évitant ses composantes extra-économiques (bien que certains, comme Sottsass, les prennent en considération) ; une fausse idée du “progrès”, parce que l’on croit que charger un objet d’images ou de processus associés à l’avant-garde technologique alignera le design industriel sur la recherche technologique et scientifique (attitude que seul Joe Colombo a adopté avec suffisamment de détachement et d’ironie pour ne pas sombrer dans la vulgarité).
De la situation de compromis mentionnée au début, on est donc passé au constat d’une course à la productivité, qui, puisqu’elle n’était pas prévue, doit tout simplement être complètement inutile. La saturation périodique du marché et les périodes de stagnation qui en résultent, et qui correspondent à celles qui dominent dans l’économie nationale globale, mènent naturellement à porter toute notre attention sur les exportations (particulièrement importantes dans les domaines de l’automobile, du mobilier et des appareils domestiques électriques). Dans ce domaine, la supériorité présumée du “style italien” est exploitée avec une ruse subtile. Mais la situation est, au mieux, ambigüe, et, à certains égards, paradoxale : à l’exception de grandes entreprises industrielles qui, comme Fiat, ont une organisation autarcique — c’est-à-dire, autosuffisante en interne — les moyens et petits producteurs exportent des produits finis, après avoir acheté les matériaux bruts auprès de sources dont ils ne contrôlent pas les prix, et après avoir sous-traité la fabrication proprement dite à un tiers. Les producteurs tendent ainsi en quelque sorte à jouer avec leur marchandise, pour laquelle seul le choix superficiel du goût est laissé à l’utilisateur. La relation entre l’industrie et l’acheteur est unilatérale et toujours au désavantage de ce dernier.
La déficience la plus grave du marché italien doit être fortement dénoncée, dans la mesure où elle met aussi en cause le design industriel dans ses actes de conditionnement et de violence. Affaibli par son incorporation dans un circuit économique clôt, et principalement concentré sur ses activités technologies-formelles, le système actuel du design en Italie n’est certainement pas en position d’envisager de jouer un rôle actif, et encore moins d’être géré par une communauté de personnes.

Les demandes culturelles
Heureusement, la stupidité de ce système et du marché a donné naissance à un débat culturel vivant et ouvert ; son existence est un indice de vitalité et pas seulement d’une éloquence tapageuse et, malgré de nombreuses et évidentes contradictions, c’est une chose sur laquelle le pays peut compter. Nous pouvons distinguer quatre groupes qui représentent et incarnent parfaitement autant de domaines de recherche.
Le premier groupe se limite à une recherche historique sur le projet, qui tend à définir le design comme une discipline spécifique. Cette approche est synthétisée dans une note d’intention rédigée il y a sept ans par Vittorio Gregotti dans un numéro de Edilizia Moderna entièrement consacré à ses écrits, et toujours aussi valable et emblématique aujourd’hui : « Nous pouvons distinguer schématiquement au moins quatre différentes phases dans l’histoire du design. La première est marquée par la rupture d’un système essentiellement unitaire, par une séparation entre la création et la fabrication avec l’avènement de nouveaux systèmes de production technologiques et industriels liés à la question de la quantité et de la production de masse. Une deuxième phase a commencé quand le design a pris conscience du problème général des arts appliqués, avec la controverse entre l’artisanat et l’industrie qui en a résulté, et la recherche des conditions qui permettraient de donner des qualités esthétiques aux produits industriels. Une troisième phase a vu la question des arts appliqués être absorbée une fois de plus par l’architecture, et la tentative de fondre la technique de l’objet dans l’idée du fonctionnalisme. Nous pouvons enfin percevoir dans une quatrième phase, la dissolution de cette relation et l’expansion de l’idée du design comme élément de contrôle de l’environnement appliquée à toutes les dimensions, de l’objet utilitaire à l’échelle de la ville et même à la notion de projet elle-même, dans la mesure où cela correspond à cette approche du design qui implique choix, anticipation et participation. » (2)
Un deuxième groupe de chercheurs est composé de ceux qui sont principalement investis dans le domaine de la technologie (par exemple, Mangiarotti, Zanuso, Valle). Nous ne pouvons pas les qualifier de technocrates, mais ils s’intéressent toujours à des questions formelles sous tous leurs rapports, y compris ceux qui impliquent certains choix ne menant à rien. Je voudrais ici faire une autre citation, de Spadolini cette fois, dans Design et Société, pour mettre en évidence le fait que même si l’attention aux processus technologiques peut offrir des solutions viables, l’apport de technologie est clairement reconnu comme un moyen et non une fin : « Pourtant, au milieu de cette agglomération confuse d’informations, d’espoirs et de peurs, justifiés et injustifiés, on commence à percevoir que c’est seulement en suivant la piste de la signification la plus profonde et la plus véritable de la production industrielle que nous pourrons peut-être comprendre de fond en comble la structure complexe de la société d’aujourd’hui ; et, ceci est une condition indispensable, si l’on veut être capable d’agir dans cette structure, on doit en modifier les caractéristiques par le design et par dessus tout — et c’est certainement important pour les designers — être capable d’agir et d’avancer non seulement dans le but de retrouver les anciennes capacités créatrices des hommes mais aussi d’en découvrir de nouvelles, même encore complètement inexploitées…»
Pour ne citer que les outils les plus connus de cette recherche, nous mentionnerons la théorie des circuits proposées par Argan, ou celle de l’utilisation générale des composants (à laquelle Spadolini accorde une attention spécifique). Cette dernière théorie appelle à différents types d’interventions, la plus importante étant celle qui est liée aux systèmes ouverts et à l’usage de composants modulaires dans l’industrialisation du bâtiment. Bien qu’elle puisse facilement être accusée de complaisance à l’égard d’un marché de la consommation, cette théorie reste l’une des principales indications de la volonté de donner à l’usager la possibilité de participer au processus de formalisation de l’environnement.
Le troisième groupe comprend un vaste panel de théoriciens issus de contextes culturels variés et parfois contradictoires, souvent en contact avec des chercheurs d’autres pays. Issus du structuralisme, de la sémiologie et de la théorie de l’information, ils s’intéressent à un large éventail de questions qui convergent toutes vers le design. Parmi eux se trouvent Argan, Dorfles, De Fusco, Menna, König, et d’autres, qui ont étudié les relations entre le design et le projet architectural, la sociologie de la consommation et les lois de la consommation comme le processus d’obsolescence, les principes de la communication esthétique et les médias de masse. Ils ont cherché à éclaircir — sans intention moralisatrice mais comme un sujet de connaissance, afin qu’ils soient traités de façon plus responsable — les phénomènes du kitsch, de la mode, du déclin du goût, et du style. Ils ont remis le sujet de l’art populaire dans sa juste perspective en tant qu’intermédiaire entre les systèmes politiques et la liberté d’expression, suggérant qu’il peut aussi être considéré sur la base de ses attributs formels et figuratifs ; ils ont souligné l’importance d’un processus de design responsable des formes de l’environnement, contribuant à la définition et à l’application du méta-design ; avec l’aide des sciences sociales, ils ont étudié les différents aspects mythologiques, monstrueux et caricaturaux de l’objet. Dans une certaine mesure, ils ont systématisé les différentes subdivisions du design, du packaging au graphisme.
Le quatrième et dernier groupe est constitué de ces membres de la profession qui, tout en choisissant de s’immerger dans la demande conditionnée par le marché, plutôt que d’essayer de s’y soustraire, ont néanmoins apporté des contributions positives à certains des aspects les plus problématiques du design. Il n’est cependant pas exclu que, en misant trop sur leurs capacités formelles et expressives de designers (se comportant comme des personnages se reposant totalement sur leur propre créativité, qui n’est jamais affectée dans sa manière de se qualifier ou dans ses composantes par les processus de technologie industrielle), ils aient pu être indirectement responsables de la course à la productivité qui explique tous les dangers de la production de masse mentionnés précédemment.
Il peut être intéressant à ce stade de comparer les différences entre la communauté culturelle et ceux que l’on a désigné comme la vraie communauté. Dans la mesure où la première semble avoir été bannie, puis aliénée par la seconde, elle n’a pas eu la capacité d’essayer d’autres voies d’action.
Mais le processus et les résultats du débat culturel, que l’on a schématiquement divisé en quatre groupes, se heurtent au problème des manques pédagogiques, qui impliquent d’un côté la formation spécifique de techniciens à différents niveaux d’opération, et d’un autre côté, l’information et l’éducation de la communauté. Il n’est pas vain de croire que c’est précisément autour de ce point critique que les problèmes peuvent commencer à se cristalliser et à trouver une solution. C’est n’est que quand une société ressent le besoin de se doter d’une discipline complètement nouvelle, qui lui permet de choisir librement et de prendre des initiatives (ce pour quoi l’éducation est une condition préalable indispensable), qu’elle peut commencer à envisager des modèles de participation et d’auto-gestion démocratiques, qui semblent pour le moment les seuls qui puissent permettre aux hommes de survivre aux jeux du pouvoir.
Après avoir achevé cette brève analyse de la situation italienne, il semble logique de s’attaquer à l’épineuse question de la pédagogie et d’une nouvelle gestion économique et politique.

La question pédagogique
Si le débat que nous venons d’étudier ne manque pas de contradictions, mais que chacun des groupes de propositions peut être considéré dans la mesure où il est cohérent avec lui-même, il pourrait être utile de faire émerger quelques sujets qui sont en quelque sorte comparables à ceux que nous avons abordés, mais quelque peu différents (même si pas complètement originaux), dans le but d’élargir le champ de la discussion.
Pour revenir au problème de l’enseignement, toute considération à ce sujet devrait partir d’une déclaration de principe : si une société politique poursuit des objectifs non oppressifs, elle doit rejeter — au moins dans son concept — le principe d’autorité, au profit de son opposé qui est l’émergence de la voix directe des individus qui composent cette société, de façon à ce qu’ils puissent eux-mêmes donner forme à leur propre système social et non à y être assujettis.
Participer à l’aventure du design non oppressif implique de rejeter les principes de composition formalistes centrés sur un individu demi-dieu et circonscrits par le binôme style/idéologie, au profit du principe d’expansion d’un design basé sur le couple idéologie/méthode, au plus grand nombre possible de techniciens et de cadres qui agissent à des degrés variés de responsabilité dans l’ensemble du processus de formalisation de l’environnement.
Aujourd’hui, les alternatives pour le design sont : « le design free-lance », qui est amené à disparaître à cause de l’exploitation et de la soumission à l’idéologie bourgeoise, à la compétitivité, etc. (cette approche prête aussi le flan à une critique virulente à l’heure où le système écologique de tout le pays, en termes de survie humaine, est en jeu) ; et « le design au sein d’institutions publiques », qui est entravé par les mêmes obstacles que ceux qui brident la profession elle-même, compliqué par d’excessives procédures bureaucratiques. Elles pourraient être confiées au domaine académique qui en ferait un meilleur usage. “Le design dans les universités”, ainsi que dans les écoles, pourrait ainsi jouer un rôle essentiel dans ce processus mais avant cela, un problème doit d’abord être résolu. Il s’agit de savoir comment organiser l’université comme une structure permanente, dans laquelle chacun pourrait se préparer à remplir sa fonction, qui serait toujours dans la structure — avec la collectivité pour client — et qui pourrait toujours y revenir à chaque fois que l’évolution de sa propre expérience nécessiterait des explorations didactiques. Mais pour le design, ce critère aussi (en plus du fait qu’il est peu probable que cela arrive avant de nombreuses années), pourrait établir une relation entre les élites et le monde du travail et de la production qui finirait par s’institutionnaliser. Parmi d’autres solutions possibles, notre propre choix (en raison de ses évidentes conséquences qu’il serait superflu de détailler ici) ne s’orienterait pas vers des groupes de planificateurs au sens strict du terme, mais plutôt vers un “collectif de planificateurs”, travaillant dans un but non lucratif et dans le souci d’aller à la racine des problèmes et des contradictions de la société dans laquelle ils évoluent.
Il s’en suit par conséquent que la seule direction possible pour ceux qui veulent travailler dans le domaine de la conception pour le bâtiment est le travail de groupe, non pas dans le sens des pratiques collaboratives stériles habituelles, mais précisément comme une des “catégories” du design, en pleine conscience que cette activité est de fait collective plus qu’individuelle.
Sur le plan des moyens d’expression également, si ce que l’on recherche est une communication généralisée et antiélitiste avec le grand public, la créativité devra dépasser la pratique traditionnelles de l’architecte isolé, qui exerce son autorité même sur ses propres confrères, pour devenir une activité collective dans tous les sens du terme. Cela ne doit pas conduire à une neutralisation stylistique ni compromettre les déclarations d’intention mais guider au contraire vers une sorte d’antistyle neutre, basé sur une méthode qui repose sur la contradiction et l’expérimentation (le design d’action). Depuis le point de vue scientifique et technique, la nature hautement complexe des problèmes actuels exigent une organisation du travail entre groupes interdisciplinaires de façon à garantir les fondements méthodologiques ou sociotechniques du projet.
Cette dernière affirmation est censée impliquer que l’unité méthodologique — qui doit être envisagée non pas comme une fin mais comme un moyen — doit, d’une manière ou d’une autre, se réaliser. Ce n’est cependant pas si simple étant donné que de sérieux doutes émergent en ce qui concerne l’universalité méthodologique et en regard des tentatives de ses détracteurs pour renverser toute tendance dans cette direction.

« Je pense que nous vivons un temps où notre soleil est remis en cause
où toutes nos institutions sont remises en cause.
J’ai été élevé quand la lumière du soleil était jaune,
et l’ombre bleue.
Mais je vois clairement aujourd’hui qu’il s’agit de lumière blanche, et d’ombre noire
Il n’y a rien d’alarmant cependant, car je crois,
que viendront bientôt un jaune tout neuf et un bleu magnifique,
et que la révolution suscitera un nouveau sens de l’émerveillement.
Ce n’est que de l’émerveillement que peuvent venir nos nouvelles institutions…
elles ne peuvent certainement pas venir de l’analyse.
Et j’ai dit, “tu sais Gabor,
si je pensais à ce que je pourrais faire d’autre que de l’architecture
ce serait d’écrire un nouveau conte de fées,
car du conte de fées est né l’avion,
et la locomotive,
et les merveilleux instruments de l’esprit…
tout est venu de l’émerveillement !” » (3)

Bien sûr, il s’agit de la vision d’un poète qui ne peut être appliquée à une collectivité, mais elle n’en représente pas moins une attitude envers la créativité. Il semble donc nécessaire de dépasser certains aspects de la méthodologie dans le but de retrouver l’imaginaire, le fantastique et la méditation — valeurs sur lesquelles la culture orientale est basée, contrairement à la culture occidentale fondée sur la logique (et par conséquent toute tentative de notre part de reconstruire la pensée orientale sur des bases purement logiques est erronée). Mais, mis à part l’obsolescence fonctionnaliste — il y a peut-être une autre raison pour dépasser la méthodologie, et cette raison est le danger qu’elle présente d’être utilisée comme un instrument de colonisation, précisément dans la mesure où la logique est un outil européen typique qui ne peut s’appliquer à des contextes historiques et culturels qui nécessitent une approche différente. (L’anthropologie culturelle, pour sa part, a eu beaucoup à dire sur le sujet). Il s’en suit que l’unité méthodologique en tant qu’outil principal de l’activité transdisciplinaire ne peut être proposé à l’échelle mondiale. Le problème se pose — ou plutôt prend une autre nature — en ce qui concerne les contacts, les échanges et les rencontres entre l’Est et l’Ouest. Ce problème s’adapte parfaitement à la phase actuelle de notre débat et nous permet d’envisager sereinement le phénomène révolutionnaire ou pseudo-révolutionnaire d’inspiration maoïste devenu prévalent parmi ceux qui dépendent de systèmes didactiques logiques. Ce à quoi nous sommes confrontés ici est une sorte de pensée qui, bien que largement occidentalisée, n’en plonge pas moins ses plus profondes racines (de façon inévitable, bien que cela ne soit pas toujours clairement reconnu) dans le Confusianisme et dans une civilisation dont l’histoire millénaire lui confère la primauté dans la continuité, si ce n’est pas dans la qualité.
En admettant le rôle fondamental de Mao dans la relation à son peuple, à qui il a donné une identité politique dans un contexte mondial, évitant ainsi le risque d’une non-présence, la question demeure toujours de savoir comment un contexte purement culturel pourra se développer après que la réflexion ait succédé à l’action violente. Se rajoute à cela la problème de la nature unilatérale d’une lutte menée au delà du pouvoir des institutions sur la base d’une logique essentiellement économique, avec toutes les incohérences intrinsèques à la culture anthropologique chinoise.
Les contacts humains, dans toutes les cultures du monde, réclament que se renouvellent les capacités de l’homme pour le merveilleux et l’imaginaire, qui peuvent être favorisées, plutôt que réprimées, par sa capacité à raisonner logiquement (le relativisme plutôt que l’absolutisme dans les systèmes culturels).

L’ultime question concernant la pédagogie est celle de la recherche. À cet égard, la situation en Italie est complètement chaotique et il n’y a pas le moindre signe d’une quelconque activité. Ici, la responsabilité n’incombe pas au comportement d’un groupe ou d’individus, comme c’est la cas pour le débat culturel, mais à l’État et à ses relations avec ceux qui doivent mener les recherches nécessaires pour améliorer les standards de qualité dans toutes les branches de la production nationale. Considérons la question du bâtiment industrialisé, qui est un paradigme pour tout le champ du design, et qui au moins est en cours, même mal, alors qu’une discussion similaire concernant le mobilier domestique, par exemple, est encore loin d’être prise en considération. Deux ans de lutte syndicale en Italie ont récemment amené le gouvernement à prendre des décisions concernant le logement. L’objectif d’une “industrie d’état pour le logement” pourrait devenir une réalité, plutôt qu’une hypothèse, si l’IRI (Institut pour la Reconstruction Industrielle), composé de différentes industries qui prennent en charge ces services sociaux pour lesquels l’état lui-même intervient et apporte une aide financière, s’impliquait dans les futurs programmes de construction. Mais le niveau de sophistication de la recherche scientifique et technologique dans ce secteur est désespérant. Comparée aux standards des autres pays de la Communauté Économique Européenne, l’Italie a plusieurs années de retard. Le projet d’un programme spécial de recherche sur l’industrialisation du bâtiment, développé dans un organisme de recherche “permanent”, dont le but est d’étendre et de contrôler la production de bâtiments, commence tout juste à se développer, pendant que les autres pays ont déjà dépassé le stade de la révision et de la vérification des résultats obtenus durant au moins ces deux dernières décennies d’expérience. La situation d’ensemble de la recherche au Conseil National de la Recherche (CNR), qui est ici le coupable, est la suivante. D’un côté, il y a toujours une myriade de petits projets de recherches, largement disséminés dans une grande variété de sujets, pendant que de l’autre, un vaste projet de recherche indépendant sur le sujet de l’industrialisation est récemment mort d’inertie. Les interconnexions parmi ceux qui occupent des postes à responsabilité, les sujets, et les sommes dépensées n’ont donné lieu à aucune pratique digne d’intérêt. On ne peut que percevoir l’intention habituelle de distribuer largement les postes à des candidats neutres, pour donner un peu de soutien, et pacifier, autant d’individus et d’institutions que possible. Cela nous mène au projet assez inattendu d’un programme massif de recherche. Il est important de souligner l’engagement politique et financier considérable dans le “programme spécial pour la recherche dans l’industrialisation du bâtiment” en comparaison avec le très mauvais usage des fonds que nous venons de mentionner.
À son lancement, il y quelques années, le programme entreprenait de “chercher les manières et les moyens d’accomplir l’industrialisation des matériaux de construction et d’organiser ce secteur, afin qu’il soit mieux adapté à obtenir un produit qui répondrait mieux aux besoins de la collectivité, à la fois en terme de qualité et de quantité, et à un coût compatible avec les réglementations économiques et financières de cette industrie.” Toute l’histoire de la logique de la recherche a prouvé que tout programme de ce genre est basé sur une méthodologie erronée, et dans le cas présent, ce défaut est aggravé par l’aliénation croissante de beaucoup de recherches individuelles à un langage d’initiés surintellectualisé, sans aucun pouvoir de communication et qui ne sert qu’à dissimuler le manque d’engagement politique en même temps qu’il ne parvient jamais à s’attacher aux vrais problèmes en jeu. Le programme a été boycotté juste au moment où, de projet temporaire, il aurait dû se transformer en “corps permanent”. Comme toujours, une combinaison de causes nous ont mené à ce résultat. L’échec du programme d’industrialisation doit être considéré à la lumière des grandes crises qui affectent toutes les politiques scientifiques en Italie, qui ne pourront être dépassées, selon nous, que par une révision radicale du processus par lequel se prennent les décisions, ainsi que des relations de pouvoir, de façon à ce que la recherche scientifique – en tant que service directement adressé aux forces productives — ne soit jamais ni divisé en unités inefficaces, ni monopolisé.
Cet incident, qui n’est certainement pas le seul, démontre tout le retard de la politique de recherche sur le design en Italie. Réalisant qu’avant même que toute connexion entre l’école et la recherche puisse être envisagée, tous les problèmes de l’école et de la recherche doivent être mis au jour, on en vient à la conclusion que la trop familière situation de “liberté professionnelle” demeure la seule possibilité à moins qu’un changement radical n’advienne, et que le même système pédagogique va persister, avec sa structure verticale étudiants/professeurs/pouvoir économique, pour l’éducation de techniciens dont la seule perspective de travail est celle de faire partie de l’industrie privée (qui ne les accueillera que dans la mesure où ils ont été de “bons étudiants”).
Pendant ce temps la recherche, si on peut nommer ainsi ce qui est en train de se faire, restera un perfectionnement technologique, espérant gagner l’approbation de l’acheteur leurré.

En parallèle de ces questions qui concernent les aspects élémentaires de l’enseignement, d’autres questions se posent, qui d’une certaine manière se situent en dehors de la pédagogie en tant que champ spécifique, mais qui offrent l’opportunité à l’enseignement et à la société de se rencontrer. Tout d’abord, nous devons dire un mot à propos de l’intégration d’un projet pour l’étude du design au sein du développement mental et culturel de l’individu. Il va sans dire qu’un diplôme conféré en reconnaissance d’un certain type de compétences professionnelles, comme le baccalauréat, serait ridicule. Les diplômes, en réalité, tendent à installer des catégories de classes subordonnées, ce qui entraîne d’indéniables problèmes d’un point de vue humain et social. La permanence des écoles de design — transformations provisoires des anciennes écoles d’arts compassées — qui confèrent un titre académique en aucun cas comparable sur le marché avec celui conféré par les écoles d’architecture, a généré un problème chronique qui ne peut être résolu que par une vision de la question de l’enseignement dans son ensemble. Mais il n’est que trop évident que en Italie, la politique à cet égard s’accomplit — ou tente de s’accomplir — en ne traitant qu’avec des domaines partiels. Par conséquent, la réforme de l’université, qui ne prend pas en compte les écoles, et qui confond un nouveau type de problème, celui de l’éducation de masse, avec celui de l’augmentation des effectifs, semble toujours incapable, après des années de gestion désabusée et contradictoire, d’être cristallisée dans une loi.
Une des prochaines tâches à accomplir dans la réorganisation de l’enseignement est l’information et l’éducation de la communauté. Bien qu’elle s’exprime actuellement comme une tentative pour accroître la demande dans l’intérêt d’un meilleur profit et d’un marché plus vaste, elle devrait être modifiée pour créer les conditions qui pourraient donner forme au soutien du processus d’autogestion. Ceci, que nous avons pointé comme étant le plus grand défaut du design italien, peut être dépassé par l’établissement d’un système permanent d’enseignement dans lequel chacun pourrait trouver sa place, et le quitter chaque fois qu’il sent que c’est nécessaire pour lui-même ou les autres.

Un dernier problème est celui de la relation entre l’enseignement et l’emploi, un problème qui concerne visiblement toutes les sortes d’enseignement mais qui est particulièrement délicat dans les domaines qui ont une connexion directe avec l’industrie. Cette relation évolue de plus en plus vers une relation conflictuelle. Le nombre d’étudiant augmente (en raison d’une durée de présence obligatoire plus longue et de la libéralisation des exigences académiques), alors que les postes accessibles à ceux qui ont des niveaux de diplôme élevés diminuent. Il s’en suit une contradiction entre un système d’apprentissage qui tend à rendre l’accès à l’instruction plus accessible, et le système du marché de l’emploi. De plus, les mêmes critères de sélection persistent, d’abord à l’école puis au travail, basés sur un favoritisme évident (dû à un système social fermé) au profit de ceux qui sont issus de familles de la classe moyenne supérieure. À cet égard, tout débat sur l’enseignement doit nécessairement s’étendre à des considérations politico-économiques.

En ce qui concerne le design en particulier, nous serions prêts à affirmer que l’éducation du designer entretient une relation avec les besoins de la collectivité, et qu’elle doit — en plus d’être formulée sur la base d’enseignements appropriés — réellement présupposer un système politico-économique. Il est absolument indispensable que le design pour tous remplace le design pour un marché privé destiné à la satisfaction individuelle. Cela impliquerait de contrôler les besoins induits qui exigent qu’un objet soit continuellement redesigné afin que l’acheteur se sente obligé de se débarrasser de ce qu’il possède déjà pour acheter le nouvel objet. Il souffre d’une compulsion qui est presque toujours de nature psychologique et liée à son statut économique et social, et dont l’objet lui-même est le symbole.
Si nous analysons le relation entre la moyenne des possessions d’un citoyen italien et les dépenses qu’il a dû effectuer pour sa maison et son aménagement en général, nous pouvons en déduire que la moitié de ce qu’il dépense est destiné à sa maison et à la satisfaction des tentations offertes par le marché. La même industrie qui lui fournit un salaire en échange de son travail réabsorbe ce même salaire dans des objets qu’il a lui-même contribué à produire. Les salaires de l’industrie en échange du travail ne sont donc qu’un faux-semblant. Ce qu’un tel système implique est que cette compétition doit cesser et que la production doit être centralisée. Fondamentalement, il s’agirait d’incorporer la question d’un certain type d’équipements, autres que ceux qui sont absolument essentiels dans la maison, dans une procédure législative qui placerait la construction comme un intérêt d’état. Si certains veulent abolir la plus-value sur la maison en tant que produit, due soit à la spéculation foncière soit à la spéculation du constructeur en tant qu’entrepreneur, il n’y a pas de raison pour que le sujet de l’aménagement de la maison ne puisse également se résoudre en ces termes. (Il est bien connu que le coût d’achat ou de location d’un appartement équivaut au coût d’achat de ses équipements). La distribution joue un rôle important là dedans, puisqu’elle implique le coût de la publicité et des agents.
Le nombre de licences de distributeurs a augmenté de 59,7% dans les années 1960 en raison d’un processus absurde de fragmentation qui atteint des pics encore plus importants en ce qui concerne les appareils domestiques électriques. Si, d’un côté, les petites entreprises augmentent leurs prix, de l’autre, les grandes entreprises, dans le but de contrer les ventes très généralistes des revendeurs traditionnels, pratiquent une politique de vente sélective dans une chaîne de points de vente exclusifs ou dans leurs propres points de vente, afin de différencier leurs produits de ceux des autres.

Dans le cadre d’une réorganisation économico-politique, nous devrions aussi prendre en compte la question de l’emploi. L’accroissement de la production depuis la guerre n’a pas trouvé d’équivalent dans le développement des structures et de la taille des unités de production, et, dans le secteur concerné, sauf rares exceptions, pas le plus petit effort n’a été fait pour suivre le moindre principe de planification. La réaction à l’augmentation de la demande a consisté à accroître continuellement le nombre de petites entreprises artisanales, concentrées dans le champ classique de la production.
L’analyse des statistiques du recensement du commerce et de l’industrie de 1961 permet d’affirmer que ce que l’on appelle l’industrie du meuble comprenait seulement deux établissements employant environ cinq cents personnes alors que la moyenne était représentée par des entreprises qui n’employaient pas plus de soixante personnes. Même si ces chiffres ne sont pas récents (et le fait que cette fédération du commerce n’ai pas ressenti le besoin de les mettre à jour est en lui-même significatif), la situation n’a pas vraiment évolué. Il est ainsi facile de comprendre pourquoi le problème de l’emploi, qui est déjà difficile dans les autres branches de la production nationale, n’offre aucune garantie de sécurité dans ce secteur.
Il serait par conséquent approprié de réexaminer toutes les techniques impliquées dans le système de production et de distribution du point de vue d’un marché socialisé. Un bon exemple nous est fourni par les enquêtes de marché. Elles ont été développées pour évaluer les “évolutions du goût”, afin de piéger l’acheteur avec des applications plus subtiles des techniques de besoin induit, alors que de telles enquêtes devraient en réalité constituer l’un des outils les plus utiles pour permettre à l’acheteur de participer démocratiquement à la gestion du cycle de l’offre et de la demande.
Dans ce système hypothétique, les caractéristiques nationales d’un produit, qui reflètent la différence entre un pays qui produit et un pays qui est forcé d’importer, devraient disparaître. Cette sorte de jeu — auquel on joue avec des réfrigérateurs aussi bien qu’avec des canons — est maintenant bien connu et il est prouvé qu’il tend à accroître le pouvoir des sociétés productrices pendant que les sociétés qui ne peuvent pas entrer dans la compétition demeurent invariablement pauvres. Au delà des questions éthiques évidentes, qui ne peuvent se régler par la charité à peine déguisée des fonds internationaux pour le Tiers-monde, il en résulte l’inflammation permanente de foyers d’infection dans les plus petits pays où les super pouvoirs technologiques jouent leur rôle commode d’exploitation.
Pour surmonter les limites étroites des frontières nationales — qui fait paraître ridicule l’idée même d’un “style italien” — il faudrait finalement un contrôle rigide des matériaux, des prix, de la qualité et de l’ensemble des processus, ainsi que l’institution d’un système global de régulation dont le fonctionnement rendrait éventuellement superflu le critère de la concurrence. »

  1. Talks with Students (Architecture at Rice, 26). (Houston : Rice University, 1969), p. 23-24.
  2. Spécial Issue, “Design”, Edilizia moderne, n°85, 1965.
  3. Pierluigi Spadolini, Design e società (Florence: La Nuova Italia, 1969)
  4. Talks with Students, p. 2

Les traductions française des textes de Louis Kahn sont extraites de Louis Kahn, Lumière blanche, Ombre noire, Entretiens, Éditions Parenthèses, 2016, traduit de l’anglais par Jacques Bosset, p.33-34 et p. 12.

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