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Andrea Branzi, « Publications sur les avant-gardes », Radical note 3., 1972.

Titre original : « Pubblicazioni sulle avanguardie », Casabella n°372, décembre 1972.

Publications sur les avant-gardes

La maigre bibliographie sur l’avant-garde architecturale des années soixante-dix commence avec l’unique numéro (78-79) de Design Quarterly consacré à « l’architecture conceptuelle », dirigé par John S. Margolies et publié à Minneapolis en octobre 1970 ; le premier grand catalogue raisonné est Jam : Projekte der Arthropoden sur Gestaltung der Zukunft, dirigé par James Burns et publié à Cologne en 1971. 
Parmi les autres publications importantes, outre l’institutionnalisation de ce courant dans les numéros récents de « Casabella » et dans la rubrique « Cosmorama » d’ Architectural Design, se trouvent deux articles consacrés à l’avant-garde italienne de Charles Jenks dans les numéros de juin 1971 et de janvier 1972, dans « Architectural Design » également. 
Moins connu, parce que complètement intraduisible, figure aussi le conséquent article sur l’avant-garde Florentine de Arata Isozaki paru dans le Monthly Art Magazine de Tokyo en octobre 1971. 
Une mention spéciale pour l’univocité de son propos doit être décernée à la série de numéros que IN a consacré à l’avant-garde internationale en architecture à partir de juin 1971. 
Les sujets proposés sont : « La destruction de l’objet » (IN 2-3), « La destruction et la réappropriation de la ville » (IN 5, 6, et 7) et la référence la plus générale possible à « l’abolition du travail ». 
On peut déjà noter que le choix même de ces thèmes révèlent un angle spécifique de la ligne éditoriale, qui cherche à mettre en évidence l’aspect technico-destructif du rôle historique de l’avant-garde qui ne relèverait pas d’un nihilisme décadent ou d’un terrorisme répressif, mais plutôt d’un processus d’auto-libération de l’individu vis-à-vis des carcans comportementaux issus de l’esthétique et de la morale actuelle. 

L’élément concret, le projet, est précisément rejeté en raison de ce renouvellement radical de la culture, culture non plus comprise comme un domaine produisant des modèles et des valeurs universels (domaine qui tire sa raison d’être de l’aliénation culturelle totale de la classe laborieuse), mais comme une forme spontanée de communication et de vie. 
L’unique perspective dans laquelle une telle hypothèse peut surgir est précisément celle de l’abolition du travail, envisagée comme une loi tendancielle commune à tous les phénomènes sociaux actuels et comme l’unique utopie générale de l’esthétique libératrice de l’avant-garde. 
Toutes les contributions ne s’alignent pas exactement sur ces propositions et adoptent des types de conduites plus particuliers :  
1. de nombreux groupes développent une dimension anarchique (Salz der Erde, Coop. Himmelblau, etc.) accentuée par l’utilisation de happenings dont la virulence profanatrice peut souvent faire passer ces groupes « provocateurs » pour une caste de prêtres dionysiaques, qui agissent sous l’emprise d’un accès de frénésie sacrée, pendant que « les autres » se tiennent à l’écart et entretiennent leur propre aliénation.  
2. les groupes « écologiques » (Street Farm et Ant Farm, etc.) qui, en identifiant la nature à la liberté, proposent une sorte de terrorisme vert et prêchent pour une arcadie pré-industrielle comme hypothèse d’un état pré-urbain. Le siège mené par la campagne contre la ville est envisagé comme un conflit idéologique ; 
3. les groupes « conceptuels » (UFO, Gianni Pettena, etc.) se sont débarrassés des langages et des outils disciplinaires habituels de la discipline pour envoyer, sous couvert d’une forme didactique, des messages codés et ironiques mais difficiles à diffuser. Ce procédé semble souvent tendre vers la disparition des disciplines elles-mêmes, usées et épuisées par l’extrême conscience qu’elles ont d’elles-mêmes. 

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